Vous connaissez sans doute Anthony grâce aux merveilleux albums de Ni et PinioL, où il livre des riffs violents et des solos décadents. On le retrouve ici dans une version intimiste et acoustique, loin des morceaux lourds et électriques auxquels il nous a habitués.
Entre clochers et chiens, entre ciel et terre, des cordes sont tendues au milieu du paysage immobile. Des cordes tendues dans un espace gigantesque. Quand apparaissent les contours de l’homme qui entretient lesdites cordes. Qui les polit, les peint, les monte et les gratte, les descend avec ses outils, tantôt au sol, tantôt plus haut. Ses yeux sont serrés et travailleurs, mais une grande douceur se dégage de leur bleu glacial. Et soudain, il nous abandonne comme il est venu, il disparaît, laissant l’image clopinante. Une tristesse inconnue nous envahit alors, irrationnelle par rapport à la rencontre si récente. On entrevoit de nouveaux drames, des chagrins mystiques, des souris transies de froid. Jusqu’à ce que l’on comprenne qu’il vient de prendre un grand virage, qu’il est dans notre dos et qu’il tend la toile sous nos yeux, nous chuchotant de longues histoires à l’oreille. Alors la chaleur monte du ventre au cœur, et l’on sent le vent dans les cordes.

Composition, guitare | Anthony Béard
Enregistrement, mix | Simon Drouhin au studio de l’UMAMI
Mastering | R3myBoy