Saddam Webcam est un trio porté par Alex (Tombouctou, Lésion Etrange) Jo (Burne, Neige Morte) et Jessica (Pili Coït, Le Grand Sbam, EZ3kiel).

Trinité de fines gâchettes à carrure de cyclope gentiment lunatique, dont l’autopsie révélera la présence de traces d’emphase lyrique pure sous les miettes fumantes de flonflons pulvérisés par un groove féroce. Chez Saddam, on s’y met à trois pour concasser menu les tables de la sobriété.

L’épopée Saddam Webcam inaugure l’âge d’or de la domotique instrumentale, lorsque deux zouaves éclairés décident de se lancer dans la course à l’échalote, au moyen d’un instrumentarium inversement proportionnel à leurs intentions musicales. On parle alors d’une basse jacassière prise en filature par une batterie fanfaronne passée à tabac plus souvent qu’à son tour. C’est l’époque des empoignades viriles sur des morceaux éruptifs laissés sans surveillance, des clins d’oeil roublards entre deux corridors de plans enfilés à trois mille à l’heure, des espaces sonores saturés et des vertiges live sous contrôle de comités d’experts médusés.

Le miracle de la rencontre a lieu peu après, au détour d’une forêt urbaine, avec le rossignol arc-en-ciel au chant sorcier. Douce commotion aux allures de secousse providentielle, l’indocile petit Saddam vient de trouver sa voix, qui le guidera sur le boulevard de la maturité. Désormais trois à la manœuvre, sans rien céder à la frénésie des débuts, la fantaisie lyrique en plus, le discours s’enrichit, s’assouplit et s’équilibre par l’intense travail du texte, quand les mots impriment leur flux à la partition et se perchent en contrepoint de l’orchestre. Côté scène, le groupe peut s’appuyer sur une jauge d’énergie inépuisable, distribuée à qui mieux mieux.

Une démo est d’abord enregistrée pour entériner l’alliance, avant que l’équipage ne lance enfin son premier opus « Excès de Beurre et Ruine Morale », prouvant qu’il y a encore de la place pour les vrais problèmes sur terre.